128 - Être une femme

Quand j'étais jeune, je voulais être un garçon. Je percevais déjà, sans doute, la difficulté d'être d'une femme.
Bien sûr, il faut relativiser. Être une femme en occident aujourd'hui, c'est bien mieux que dans d'autres régions du monde, où c'est encore probablement bien mieux qu'à d'autres époques de l'humanité.
N'empêche, il y a des jours où je me dis que la libération de la femme est une vaste joke. Nous avons gagné le droit de travailler, mais à quel prix? Nous gagnons toujours un salaire inférieur à ces messieurs (alors que nous sommes meilleures aux études, cherchez l'erreur), et on constate souvent que ce sont les femmes qui prennent en charge l'essentiel du volet «famille».
Oh, bien sûr, ces messieurs daignent en faire un peu plus qu'à l'époque où les femmes ne travaillaient pas, mais quand même, il me semble qu'on est bien loin du partage équitable...

Il suffit de regarder autour de soi: la plupart des tâches «ménagères» restent entre les mains des femmes, de même, et c'est encore plus triste, que la «gestion» des enfants. Alors bien sûr, il y a les chanceuses qui ont un mari qui cuisine ou qui est une vraie fée du logis, mais c'est plutôt l'exception que la règle. La plupart des femmes que je connais se plaignent du manque de participation de leur conjoint (sans parler du total je-m’en-foutisme de certains). Et quand je vais à l'école, je suis effarée de voir qu'à part un père qui est là à presque toutes les activités, ce ne sont que des mères qui se dévouent pour accompagner les sorties et ateliers. Ne parlons même pas de prendre des congés quand les enfants sont malades ou que l'école/la garderie est fermée. Dans la plupart des familles que je connais, ce sont les femmes qui s'en occupent - sans doute que ces messieurs sont trop occupés à justifier leur salaire plus élevé que le nôtre.

Je ne sais pas si la situation sera meilleure quand mes enfants seront grands, mais j'essaye d'éduquer mes garçons et ma fille de la même façon, de ne pas leur dire qu'un garçon doit faire ci et une fille ça. Je ne me fais pas trop de souci pour ma fille, qui est fière et autonome, et qui saura sans doute se défendre mieux que moi. Mais je tiens à ce que mes garçons soient aussi capables de tenir une maison. Mieux, que cela leur soit naturel.
J'essaye d'impliquer leur papa (qui fait quand même des efforts, parce qu'on ne peut pas dire qu'il ait été éduqué dans cet état d'esprit), pour leur montrer que peu importe le genre, nous sommes tous responsables. Mon Prophète aime cuisiner, alors nous l'y encourageons. Nous exigeons que tous rangent et participent aux tâches ménagères à la hauteur de leurs capacités. Mon petit Empereur aime beaucoup promener ses «bébés» en poussette (rose!), et je me plais à penser que si les préjugés ne le rattrapent pas trop, ce sera un papa impliqué.
Parce que, dans le fond, je suis persuadée que la société égalitaire de demain passe aussi, peut-être surtout, par l'éducation des garçons.

Commentaires

  1. Evidemment; les miens sont à bonne enseigne, avec un papa qui cuisine. Mais je me suis rendu compte aussi que je ne traitais pas mes élèves filles et garçons de la même manière: je suis plus exigeante avec elles!

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  2. Je me souviens d'avoir vu un reportage il y a peut-être 20 ans de cela où l'on voyait des parents de faux-jumeaux et le reportage montrait bien que, même s'ils essayaient d'être équitables, les parents étaient finalement plus exigeants avec leur fille qu'avec leur garçon.
    Je crois bien que c'est un courant global dans l'ensemble de la société, mais que c'est largement inconscient - ce qui créé une sorte de cercle vicieux. Comme les garçons sont 'naturellement' bordéliques, par exemple, on a des exigences moins élevées que pour les filles en matière de rangement, et donc, ils deviennent effectivement plus bordéliques que les filles.
    Et ça vaut pour pas mal de nos préjugés sur les rôles homme-femme.

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